La méthode PEF : la clé permettant de comparer l’impact environnemental des produits

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Kim POUILLY
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La méthode PEF (Product Environmental Footprint), développée sous l'égide de la Commission européenne, s'impose progressivement comme la référence incontournable pour mesurer et comparer les impacts environnementaux des produits à travers leur cycle de vie. À une époque où la transparence et la rigueur dans les rapports de durabilité sont essentielles, en particulier dans le cadre de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), la méthode PEF se distingue par sa capacité à offrir une évaluation complète et holistique.

Ce qui rend la méthode PEF si aboutie, c’est avant tout son approche systématique qui considère le cycle de vie complet des produits, de l’extraction des matières premières à la fin de vie, en passant par les phases de fabrication, d’utilisation, et de gestion des déchets. Cette vue d'ensemble permet de quantifier précisément les impacts environnementaux à chaque étape du processus. Contrairement à d'autres méthodologies plus limitées, la PEF embrasse une large diversité d’impacts avec 16 catégories distinctes, parmi lesquelles le changement climatique, l'épuisement des ressources, l'acidification des sols et de l'eau, ou encore la toxicité humaine. En analysant ces différentes dimensions, elle offre une vision riche et nuancée des conséquences environnementales.

Un des aspects clés de la méthode réside dans la synthèse de ces résultats en un score unique, simplifiant ainsi la lecture et la comparaison des performances environnementales entre différents produits ou entreprises. 

Une étape clé pour obtenir ce score PEF est la classification, qui consiste à assigner les flux d’entrée et de sortie à la catégorie d’impact environnemental appropriée. Par exemple, les flux d’émissions de gaz à effet de serre seront classés dans la catégorie du changement climatique.

Puis la phase de caractérisation, quant à elle, permet de relier ces flux environnementaux à des modèles spécifiques de chaque catégorie d’impact. Cela implique l’utilisation d’indicateurs, tels que le potentiel de réchauffement global (PRG), qui mesure l’effet radiatif des gaz à effet de serre sur le climat. Le calcul des impacts se fait en multipliant les quantités physiques des flux avec les facteurs de caractérisation spécifiques.

Ensuite, viennent les étapes de normalisation et de pondération, essentielles pour rendre les résultats compréhensibles et exploitables. La normalisation met en perspective les résultats en les comparant à un système de référence, par exemple, les impacts moyens par habitant dans l’Union européenne sur une année. Cela permet de mieux appréhender la contribution relative d’un produit aux impacts environnementaux globaux. La pondération, elle, traduit ces résultats en scores agrégés en fonction de l’importance relative des différentes catégories d’impact, selon des choix de valeur définis par des experts et des parties prenantes. Voici la pondération actuelle des différentes catégories d’impact :

●       Changement climatique (21,06%)

●       Particules fines (8,96%)

●       Epuisement des ressources en eau (8,51%)

●       Epuisement des ressources énergétiques non renouvelables (8,32%)

●       Usage des terres (7,94%)

●       Epuisement des ressources minérales non renouvelables (7,55%)

●       Appauvrissement de la couche d’ozone (6,31%)

●       Acidification (6,20%)

●       Radiation ionisante (5,01%)

●       Formation photochimique d’ozone (4,78%)

●       Eutrophisation terrestre (3,71%)

●       Eutrophisation marine (2,96%)

●       Eutrophisation en eau douce (2,80%)

●       Toxicité humaine cancérigène (2,13%)

●       Écotoxicité de l’eau douce (1,92%)

●       Toxicité humaine non cancérigène (1,84%)

 

Enfin, la force de la méthode PEF repose aussi sur son cadre juridique et normatif. La Commission européenne a élaboré des règles spécifiques à chaque catégorie de produits, les Product Environmental FootprintCategory Rules (PEFCR) ou Règles de Catégorie d’Empreinte Environnementale des Produits. Ces règles offrent un cadre structuré, garantissant que chaque produit est évalué selon des critères communs et partagés, renforçant ainsi la comparabilité des résultats grâce à la définition d’un Representativeproduct (RP) ou produit représentatif, qui incarne le produit moyen vendu sur le marché européen dans le secteur concerné, servant de benchmark environnemental.

À terme, la méthode PEF pourrait devenir une obligation légale dans le cadre des réglementations environnementales européennes, ce qui en ferait un outil incontournable pour toutes les entreprises soucieuses de leur impact environnemental et désireuses de respecter les futures exigences normatives.